Catherine Carré
Définies comme des rivières dont la majeure partie du bassin versant est urbanisée, les petites rivières urbaines d’île-de- France sont un objet d’analyse particulièrement riche. Mené à partir d’un programme interdisciplinaire alliant sciences sociales et sciences de l’environnement et portant sur quatre rivières (la Bièvre, l’Orge, l’Essonne et le Grand Morin), le présent fascicule ouvre plus largement la réflexion sur l’ensemble des petites rivières urbaines.
Si l’exigence d’une continuité du cours d’eau et d’une vision globale de la rivière s’impose aux scientifiques comme aux gestionnaires, le constat est fait d’une segmentation toujours active du cours d’eau et des milieux.
En parallèle, se dessine une tendance générale d’un passage d’une gestion hydraulique du cours d’eau, d’une définition de la rivière en fonction des usages économiques et sociaux rendus aux hommes, vers une gestion écologique du cours d’eau et des milieux. La protection du cours d’eau doit alors assurer la préservation de la ressource en eau et des services écologiques : dilution de la pollution résiduelle, zone d’expansion des inondations, maintien de la biodiversité...
Cette tendance va de pair avec une plus grande place faite par la ville à la rivière, différents scénarios étant envisageables depuis la continuation de la couverture jusqu’à la réouverture du cours d’eau, dans un rapport de forces permanent entre le développement de l’urbanisation et la protection des milieux naturels.
Ces renversements suscitent des contradictions, avec des tensions entre les usages et les valeurs en place et les usages et les valeurs possibles, entre les équilibres existants de la rivière (emplacement des berges, stabilité des fondations des maisons, protection contre les inondations) et les états attendus (rétablissement de la circulation des sédiments et des espèces, fonctionnement du cours d’eau nécessitant le moins d’entretien possible).
La construction d’une vision commune du cours d’eau semble possible, pour réduire ou résoudre ces contradictions. Dans la recherche d’une conciliation d’un maximum d’usages de l’eau et des milieux, il existe des lieux de confrontation des visions et des usages du cours d’eau. Toutefois, ceux-ci fonctionnent davantage comme des lieux de légitimation des projets que comme lieux de co-construction.