ArchiSEINE : une approche géohistorique du bassin de la Seine

Auteur.e.s

Laurence Lestel et al.

Université

Sorbonne Université, CNRS, EPHE, Unistra – CNRS-ENGEES, Archives nationales - Mission cartes et plans, Ministère de la culture (DRASSM), Université de Bourgogne

Sous la direction de Laurence Lestel, David Eschbach, Ronan Steinmann, Nadine Gastaldi

Avec la participation de :
Simona Georgescu, Pierre Alexandre, Julie Davodet, Juliette Audet, Fabiola Lozano, Annie Dumont, François Boyer, Joséphine Rouillard, Alexandre Galibert, Aurélien Baro, Alexandre Brault, Christophe Bonnet, Philippe Marty

 

ArchiSEINE est un projet du PIREN-Seine né de la volonté de décrire l’évolution du territoire du bassin de la Seine en tenant compte des pressions anthropiques exercées depuis le XIXe siècle. Les évolutions territoriales étudiées ici sont celles du système fluvial dont l’évolution est retracée grâce à un corpus de cartes et documents anciens collectés dans le cadre de ce projet.

De nombreuses études ont été menées par des archéologues, des géographes ou des géomorphologues pour comprendre l’histoire des paysages (Chouquer, 2007) et l’évolution des systèmes fluviaux (Amoros et Petts, 1996 ; Bravard et Piegay ; 2000). Plus spécifiquement, on peut citer les travaux menés sur la Loire (Burnouf et Carcaud, 2000), la Seine (Bravard, 2000 ; Lescure et al., 2011) ou encore le Rhône (Fruget et Dessaix, 2003). L’arrivée de nouveaux outils et notamment le Système d’Information Géographique (SIG) a permis de renforcer ces approches en favorisant le croisement des données spatiales et temporelles (Noizet, 2006 ; Arnaud, 2008 ; Robert, 2011), donnant lieu à des réflexions méthodologiques pour utiliser au mieux les potentialités de cet outil (Jacob-Rousseau, 2009 ; Jacob, 2010).

Dans son ouvrage « La carte avant les cartographes », Nicolas Verdier (2015) montre que la carte n’a pas toujours été considérée comme indispensable pour décrire un territoire. Ainsi, sous l’Ancien Régime, les feudistes peuvent constituer les terriers permettant d’établir les droits seigneuriaux sans recourir à une représentation graphique. Mais au XVIIIe siècle, l’usage de la carte s’est considérablement répandu. Elle est devenue un support essentiel à la compréhension du territoire et de son évolution, mais aussi un instrument stratégique et géopolitique indispensable (Harley et al., 1995). L’avènement de la carte en France est lié à la création de l’Académie des Sciences par Colbert en 1666. Des méthodes cartographiques précises ont été développées. La triangulation est née sous l’égide de Jean Picard ainsi que de la célèbre dynastie du géographe Jean-Dominique Cassini qui a procédé à la couverture cartographique de la France dans son ensemble. Au XVIIIe siècle, la création de l’École des Ponts et Chaussées permet la formation pratique des élèves qui ont dans leur cursus l’obligation de participer au levé de la carte du Royaume. Progressivement, les fonctions de la carte évoluent et passent du statut d’objet à celui d’outil, utile aux projets d’aménagement d’un territoire et nécessaire à la prise de décision. Il s’agit d’une « mutation profonde de la cartographie. […] Pour les ingénieurs des Ponts et Chaussées du XVIIIe siècle, […] faire une carte c’est en partie résoudre la question » (Verdier, 2009).

 

Découvrez le site ArchiSEINE, qui compile les cartes historiques présentées dans ce fascicule, et bien d'autres : http://archiseine.sisyphe.jussieu.fr/site/

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