Les micropolluants dans le bassin de la Seine

Auteur.e.s

Johnny Gasperi, Elodie Moreau-Guigon, Pierre Labadie

Université

Université Paris-Est, Laboratoire Eau Environnement et Systèmes Urbains (LEESU) - Université Pierre et Marie Curie/EPHE/CNRS, UMR METIS - Université de Bordeaux/CNRS, UMR 5805 EPOC.

Avec la participation de : Fabrice Alliot, Hélène Budzinki, Émilie Caupos, Marc Chevreuil, Mathieu Cladière, Quoc Tuc Dinh, Joelle Eurin, Anniet Laverman, Gwenaelle Lavison, Jean-Marie Mouchel, Gabriel Munoz, Vincent Rocher, Céline Roose-Amsaleg, Pierre Servais, Fatima Tamtam, Bruno Tassin.

Le Programme Interdisciplinaire sur l’ENvironnement de la Seine (PIREN-Seine) est né en 1989. Il vise à fédérer de nombreuses équipes de recherche autour des questions liées à l’environnement et à l’évolution du bassin de la Seine, en apportant une vision d'ensemble du fonctionnement de ce bassin versant en interaction avec la société humaine qui l'investit.

Dès sa création, ce programme s’est focalisé sur les éléments traces métalliques contaminants longtemps ignorés mais dont la toxicité est avérée. De 1989 à nos jours, de multiples approches ont été croisées : bilan de matières en milieux rural et urbain à différentes échelles spatio-temporelles, évolution historique des pressions, reconstitution de l’histoire de la contamination dans les sédiments alluviaux, distribution, spéciation et réactivité des différentes formes physico-chimiques. Ces approches couplées aux données générées par les dispositifs de surveillance de la qualité de l’eau ont permis d’appréhender assez finement la dynamique des métaux dans le bassin mais surtout de dresser un bilan précis des sources de contamination métallique dans le bassin de la Seine.

Alors que les métaux ont été étudiés dès 1989, les polluants organiques persistants n’ont été étudiés qu’à partir 1991 au cours de la phase II. De nombreuses interrogations des gestionnaires sur la qualité des eaux de surface ont conduit à cette évolution, ainsi que la mise en place de schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE). Cette évolution s’explique également par la prise de conscience de la communauté scientifiques, des gestionnaires et du grand public de la présence de nombreux xénobiotiques dans notre quotidien et du risque sanitaire et écotoxicologique associé, couplée à une évolution technologique permettant de doser des composés à l’état de trace.

Rétrospectivement, l’étude des polluants organiques a débuté à partir de la phase II (1993-1996) et s’est développée au cours des phases III et IV (1998-2006) du PIREN-Seine, en se concentrant sur les polychlorobiphényles (PCB), les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et les pesticides organochlorés. Ces deux dernières phases visaient surtout à appréhender les niveaux d’imprégnation du corridor fluvial et la dynamique de ces polluants sous différentes conditions hydrologiques. Ces travaux ont fait l’objet d’un premier fascicule PIREN-Seine.

Dans la phase V du PIREN-Seine (2006-2010), les études sur la contamination des eaux de surface ont été poursuivies en augmentant le nombre de polluants étudiés. Ainsi aux premiers micropolluants étudiés (HAP, PCB, pesticides), d’autres perturbateurs endocriniens ont été ajoutés tels que les plastifiants (bisphénol A, phtalates), les retardateurs de flamme (éthers de biphényles polybromés (PBDE) et tétrabromobisphénol A (TBBPA)), certains tensioactifs ou agents anti-salissures (alkylphénols, composés perfluoroalkylés), et les résidus pharmaceutiques avec entre autres familles, les antibiotiques. Plusieurs thèses ont été conduites sur ces molécules. Ces travaux avaient pour objectif de caractériser l’état et l’évolution de la contamination des masses d’eau au cours du cycle hydrologique, en lien avec les pressions urbaines subies. Ces travaux ont démontré que si les contaminations en aval de l’agglomération parisienne ont diminué, celles dans les zones amont, en grande majorité rurales, n’ont pas évolué de façon aussi significative pour tous les polluants. Pour certains des composés nouvellement étudiés, les concentrations à l’amont sont proches de celles des zones en aval. Par ailleurs, ces travaux ont permis de renseigner les niveaux d’imprégnation des organismes aquatiques et d’appréhender quantitativement les processus de bioaccumulation.

Plus récemment, dans la continuité de la phase précédente, les travaux de la phase VI (2010-2015) se sont focalisés sur (i) l’origine de ces molécules très en amont du bassin de la Seine, (ii) les stocks de polluants dans différents compartiments environnementaux, (iii) la dynamique de certains de ces contaminants dans le réseau hydrographique et le transfert vers les organismes aquatiques. Ainsi, l’axe fluvial Seine (sites atelier de Marnay, Bougival et Triel-sur-Seine) et divers apports ponctuels ou diffus (eaux de ruissellement, eaux usées, surverses de temps de pluie, etc.) ont été particulièrement étudiés.

Ce deuxième fascicule « micropolluants organiques » porte sur les alkylphénols, le bisphénol A, les résidus pharmaceutiques avec un focus sur les antibiotiques et les composés perfluoroalkylés dans le bassin de la Seine.

 

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