Cinquième et dernière session de travail de ce colloque, cette partie fut consacrée à l’approche réflexive autour des outils et des connaissances générés par le programme, de leur utilisation, de leur utilité et de leur usage par les acteurs du bassin. Menée au sein du PIREN-Seine depuis plusieurs années, cette démarche s’inscrit dans une volonté des chercheurs de comprendre les interactions socio-environnementales qui traversent les territoires, afin d’identifier d’un côté les points de blocages, et de l’autre les leviers d’action possible pour améliorer la qualité des milieux aquatiques.
Les présentations qui ont animé cette session ont ainsi abordé des thématiques très diverses, permettant d’aborder la question de la construction de la qualité des milieux aquatiques sous différents angles. La position du PIREN-Seine, qui privilégie la recherche scientifique, une compréhension fine des processus et des modèles très complets et déclinables en fonction des utilités qu’en ont les gestionnaires, apparaît comme une aide à la décision plus indirecte qu’un organisme qui aurait pour objectif premier de fournir une aide à l’action publique. Cette position implique donc un accompagnement et une relation particulière entre les chercheurs et les opérationnels du PIREN-Seine, et la mise en place d’une cellule dédiée au transfert des savoirs.
Il est vrai qu’au PIREN-Seine, les recherches s’inscrivent dans le temps long, afin de comprendre, non seulement les mécanismes à l’œuvre actuellement sur le bassin, mais également les héritages des aménagements et des événements passés. C’est ce travail à la fois historique, biogéochimique et hydromorphologique qui est mené au sein du programme, mêlant sciences humaines et sociales aux autres disciplines scientifiques. Archives sédimentaires, documents historiques, études de cartes anciennes, palynologie, mais aussi ADN environnemental, les domaines de recherche sont croisés afin de tracer un portrait toujours plus fidèle du fonctionnement et de la trajectoire du bassin. Dans un territoire comme celui de la Bassée, dans lequel les aménagements anthropiques ont modifié durablement le milieu, c’est une étude globale qui sera poursuivie pendant la phase 8, afin de considérer la plaine alluviale dans son ensemble, et d’articuler les connaissances des chercheurs avec les actions publiques dans le territoire.
Enfin, le PIREN-Seine s’implique dans la construction d’outils et de méthodes pour que les décisions de préservation et d’amélioration de la qualité soient acceptées par les populations. Dans le cadre du projet Brie’eau, un travail de dialogue territorial avec une démarche participative a été mené depuis plusieurs années, et a permis d’identifier deux leviers d’actions pour l’amélioration de la qualité pouvant être mobilisés et acceptés par les citoyens : l’aménagement de Zones tampons humides artificielles (ZTHA), et le changement des pratiques agricoles. Pour cela, il faut nécessairement s’appuyer sur des acteurs ancrés dans les territoires, et construire un rapport d’échange et de confiance avec les corps concernés (agriculteurs, acteurs de l’eau, associations, etc.)
Les possibilités d’acceptation des changements de pratiques agricoles ont fait l’objet de nombreux échanges lors des discussions qui ont suivi. Avec les multiples études menées sur le bassin par divers organismes sur l’acceptation sociale des contraintes pour des raisons environnementales, peut-être serait-il temps d’effectuer une méta-analyse pour déterminer les meilleurs outils et leviers d’actions. Si le dialogue territorial fonctionne, on sait désormais qu’il est bien plus efficace quand il est mené avec des outils méthodologiques de sensibilisation et d’implication des acteurs. Pour la phase 8 du PIREN-Seine, les chercheurs proposent donc de continuer ce travail sur le territoire de la Bassée, afin d’intégrer le dialogue territorial dans un ensemble multi-acteurs et multi-échelles.
La question des modèles est elle aussi revenue dans les débats : Le PIREN-Seine doit-il faire évoluer sa méthodologie pour proposer des modèles utilisables de manière plus directe par les opérationnels ? Entre adaptation aux besoins de partenaires différents et modalités de mise à disposition des outils par le biais éventuellement d’une plate-forme web, voire d’une cellule dédiée, la phase 8 aura l’opportunité de s’intéresser à ces questions.
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