L'intégration des modèles développés par la communauté scientifique du PIREN Seine au service d'une gestion multifonctionnelle de la rivière à l

Auteur.e.s

Catherine Carré, Jean-paul Hague, Nicolas Becu, Amandine De Coninck, José Deroubaix, Cyril Pivano, Nicolas Flipo, Céline Le Pichon, Jean-Marie Mouchel, Gaëlle Tallec.

Université

Institut de géographie, Université Paris 1, laboratoire LADYSS, Université Rouen, CNRS, Prodig, Université Paris Est LEESU, Université Paris Est LVTM, Centre de Géosciences, MINES ParisTech, UR HBAN, Irstea, UMR Sisyphe UPMC

DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2012.vol32

Depuis la directive européenne sur l’eau (DCE) du 23 octobre 2000, la gestion des rivières dans les pays de l’Union européenne est décidée désormais au niveau européen. Cela modifie fondamentalement les modes de gestion des rivières en France, jusque là centrés sur la lutte contre les inondations. Les gestionnaires doivent mettre en place localement un programme de mesures décidé au niveau régional par grand bassin versant en s’appuyant sur des normes européennes de définition du bon état écologique. Ces mesures visent à restaurer un bon état écologique des rivières par le rétablissement des écoulements et la suppression des obstacles à la circulation des sédiments et des poissons. Les Etats ont une obligation de résultats pour 2015 avec des possibilités de délai pour 2021 ou 2027. Cependant le bilan du fonctionnement de ces commissions montre une faible mobilisation des acteurs lorsqu’il n’y a pas de graves problèmes d’inondation ou de dégradation de la qualité. Les agences de l’eau financeurs des programmes de mesure peinent alors à trouver des maitres d’ouvrage pour effectuer les opérations de restauration (reméandrage, suppression de seuil) voire même rencontrent des oppositions contre la suppression des vannages de moulins, les élus pouvant soutenir les propriétaires des moulins. Plus fondamentalement, les élus et les habitants des communes riveraines ne comprennent pas le bien fondé des mesures pouvant entrainer des couts élevés (compter au moins 200 000 euros par réaménagement de seuil) pour des résultats difficiles à évaluer. Un certain nombre de chercheurs ont déjà étudié ce qui fait que le politique (élus, financeurs, gestionnaires) utilise ou non une mesure scientifique en questionnant particulièrement les indicateurs, leur construction et leur utilisation (Espeland, 1998, O Neil, 2001, Bouleau, 2005). Il nous semblait alors pertinent de nous centrer sur l’utilisation des modèles hydrauliques par les gestionnaires des rivières, d’une part parce que les modèles sont un des principaux instruments de la façon moderne de faire de la science (Pestre, 2004) et d’autre part parce que les retours d’expérience nous indiquent qu’ils sont très peu utilisés par les gestionnaires de l’eau (Uthes, 2009, Riousset, 2012) alors qu’ils semblent être un des éléments clés pour décider collectivement de l’arasement ou non des ouvrages dans le cadre de la restauration du bon état des rivières.

catherine.carre@univ-paris1.fr