L’eau de la Seine : mille ans d’histoire (VIIIe-XVIIIe siècle)

Auteur.e.s

P. Benoit, K. Berthier, J. Rouillard

Université

Équipe d’Histoire des Techniques, UMR 8589 LAMOP (Paris 1-CNRS)

Quoique occupé par les hommes depuis la Préhistoire — homo erectus fréquentait les bords de la Seine et de ses affluents — c’est au Moyen Age et à l’Epoque moderne, dès avant la Révolution industrielle du XIXe siècle, que les hommes marquent très profondément de leur emprise le bassin de la Seine. Cette empreinte est encore très sensible dans le monde actuel. Le Moyen Age est d’abord le temps de l’occupation beaucoup plus systématique, et donc de l’aménagement, des fonds de vallée. Le cas est particulièrement sensible pour les rivières de modeste importance, de niveau 1 à 3 selon la classification de Stralher. On voit se multiplier, dès le VIIIe siècle, des moulins et les biefs qui leur sont liés. Mais c’est, en l’état actuel de la recherche, aux XIe et XIIe siècles que les modifications les plus profondes se manifestent, comme le montre l’exemple des monastères cisterciens répartis dans tout le bassin de Seine amont et d’études spécifiques sur des rivières comme la Vanne ou l’Essonne. Moulins et biefs équipent l’essentiel des cours d’eau de moyenne importance ; les marais de fonds de vallée sont drainés, mais en même temps des systèmes de canaux permettent d’irriguer en hiver les prairies. Partout, mais surtout en tête de rivière, le étangs se multiplient parallèlement à l’élevage d’un poisson introduit dans le bassin sans doute dès le XIIe siècle, la carpe. Il s’ensuit une transformation totale du paysage ; il n’existe à peu près plus de cours d’eau à l’état purement naturel et les conditions économiques et sociales de vie dans les vallées sont radicalement modifiées. Les travaux effectués à ce jour montrent que ces modifications de l’écosystème n’ont pas détérioré la qualité de l’eau ; la biodiversité apparaît plutôt enrichie.

Paul.benoit@univ-paris1.fr