Exploitation socio-économique des résultats de simulation des pollutions azotées souterraines en mode prédictif

Auteur.e.s

Jean-Marie Monget, Christophe Viavattene

Université

Centre d’Informatique Géologique ENSMP, UMR7619 Sisyphe UPMC/CNRS

Pour répondre aux objectifs socio-économiques de la Directive Cadre sur l’eau, la gestion des eaux à l’échelle du bassin versant doit s’appuyer sur l’utilisation conjointe des modèles numériques de ressources en eau et de l’analyse économique. Cependant, en mode prédictif, les résultats des modèles souterrains proprement dits ou ceux de chaînes plus complexes comme l’ensemble STICS-MODCOU sont rarement accompagnés d’une évaluation de l’incertitude qui peut leur être associée. Pour répondre à ce type de besoin, notamment dans le cas de l’évaluation de l’impact des nitrates sur les eaux souterraines à l’horizon 2015, une méthode de calage statistique originale à été mise au point en s’appuyant notamment sur l’usage de la distance du Chi2. Partant des mesures de concentration disponibles sur la période 1970-1990, cette approche a permis d’évaluer la probabilité de franchissement des seuils 25 mg/l, 50 mg/l et 100 mg/l à l’horizon 2015 sur la base d’un scénario de continuité des façons culturales tel qui a pu être défini par l’équipe de l’INRA Mirecour. Sur cette base, il est possible d’envisager l’exploitation économique de ces résultats sur la prise en compte des externalités résultantes des pollutions azotées diffuses d’origine agricole. En effet, dans le cas des ressources en eau souterraine, les pollutions en nitrate nuisent à la production d’eau potable au niveau des captages. La présence d’une eau de teneur en nitrates élevée nécessite un traitement de l’eau brute impliquant des surcoûts de production, les contraintes de production s’accroissant en fonction des seuils de concentration. Pour le producteur, différents traitements de l’eau brute, palliatifs ou curatifs, permettent d’obtenir une eau potable. Ces choix peuvent être hiérarchisés selon différents critères physiques, économiques, géographiques et socio-économiques en s’appuyant sur une fonction de coût permettant de dresser les dommages supportés à différentes échelles : région, département, bassin, communes, contribuables. Sur la base de cette évaluation et compte tenu des probabilités de franchissement fournies par les résultats du modèle STICSMODCOU, on pourra construire un arbre de décision pour guider chaque opérateur communal dans le choix des solutions possibles. Pour ce qui concerne les risques d’eutrophisation et leur impact économique sur la gestion de barrage et sur les activités de loisir, ils peuvent être évalués dans un deuxième temps en appliquant une approche du même type aux résultats du modèle SENEQUE. Une fois le bilan de l’ensemble des coûts dommageables réalisé, l’approche coût-bénéfice peut enfin être utilisée afin de comparer les objectifs de gestion utilisant des mesures curatives ou préventives.

monget@cig.ensmp.fr