Exploitation socio-économique de la modélisation souterraine du transfert des nitrates à l’échelle du bassin de la Seine : Développement d’un modèle

Auteur.e.s

Christophe Viavattene, Jean-Marie Monget

Université

UMR7619 Sisyphe, Centre d’Informatique Géologique ENSMP

DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2005.vol02

Avec les lois sur l’eau de 1964 et 1992, la France s’est dotée d’une gestion intégrée et décentralisée de la ressource en eau, organisée autour de six bassins hydrographiques. Sans remettre en cause les fondements de cette organisation, la Directive Cadre sur l’Eau (DCE), adoptée le 22 décembre 2000, renforce cette gestion en fixant des objectifs environnementaux planifiés, en l’organisant au sein de sous entités hydrographiques, les masses d’eau, et en prônant l’utilisation de l’analyse économique. Dès 2009, les Agences de l’Eau doivent définir un plan de gestion fixant les objectifs à atteindre en 2015, première échéance de la DCE, et un programme de mesures nécessaires à leur réalisation. Parmi les objectifs de reconquête de la qualité des eaux, la réduction des contaminations nitriques des ressources en eau souterraine du bassin de la Seine constitue un des grands enjeux auxquels doivent faire face les gestionnaires. La principale source de cette contamination est une pollution diffuse d’origine agricole étendue à l’ensemble du bassin. Depuis plusieurs années, des efforts ont déjà été initiés en instaurant la mise en place de mesures agro-environnementales. Mais en raison de l’efficacité partielle de ce type de mesure et des temps de réponse souvent long des aquifères, on est en droit de se demander si ce type de mesures suffira à remplir l’objectif de bon état chimique des eaux souterraines à l’horizon 2015. Dans le cadre du programme PIREN-Seine, le Centre d’Informatique Géologique de l’Ecole Nationale des Mines de Paris a simulé l’évolution future de la qualité des eaux souterraines des trois principaux aquifères du bassin sous différents scénarios agricoles. L’un consiste en une politique de « laisser-faire » c'est-à-dire en une continuité des pratiques agricoles actuelles. L’autre dit « scénario raisonné » permet d’évaluer l’efficacité de la mise en place de mesures préventives, comprenant la mise en place de Culture Intermédiaire Pièges à Nitrates (CIPAN) et une réduction de 20% des apports en fertilisant minéraux. Sur la base de ces simulations, une exploitation socio-économique des résultats du modèle MODSUR-STICS-NEWSAM a été menée au cours de cette année 2005. L’objectif est de mesurer les bénéfices attendus pour la production d’eau potable à destination de la consommation humaine conséquente à une politique de protection de la ressource en eau. Pour cela, un modèle de simulation multi-agent, baptisé WATER-Rush, a été développé pour simuler le comportement des unités de gestion et d’exploitation (UGE) face à une pollution avérée de leur ressource et en déterminer le coût social. Il a été appliqué sur plusieurs décennies au territoire de trois masses d’eau du bassin de la Seine couvrant 612 UGE, soit 1027 communes.

christophe.viavattene@ensmp.fr