Maïa Akopian, Josette Garnier & Gilles Billen
UMR Sisyphe 7619, Univ. P. & M. Curie
Les Dreissènes (Dreissena polymorpha ou moule zébrée est l’espèce la plus répandue) occupent désormais tout l’espace européen, de l’Oural à l’Atlantique et tout l’espace hydrographique de la partie Est des USA et du Québec (Grands Lacs compris). Dreissena polymorpha est un organisme particulier, tant benthique que planctonique, au cycle de vie complexe. Elle est recensée depuis plus d’un siècle dans la Seine (Blanche, 1867). Sa persistance dans le milieu est déterminée par les traits biologiques, physiologiques et écologiques d’un « Bivalve invasif classique » tels que : une fertilité exceptionnelle (plus de 1 500 000 oeufs par femelle et par an), l’existence de moyens de dispersion (phase larvaire planctonique) malgré son état d’organisme fixé aux stades benthiques, et une tolérance exceptionnelle à une large gamme de variables environnementales. L’importance de cet organisme dans le fonctionnement de l’écosystème et son impact très marqué sur le milieu sont surtout dus à son taux de filtration élevé (jusqu’au 7 L par moule et par jour) et à une polyvalence trophique (le phytoplancton constitue sa source principale de nourriture). Originaire de l’ancienne Mer Sarmate (la Mer Noire, la Caspienne et la Mer d’Aral), Dreissena polymorpha se répands rapidement dans l’Europe du Nord jusqu’aux rives occidentales de l’Angleterre (XIXème siècle) par les voies de navigation pour remonter à contre-courant dans les lacs subalpins entre 1960 et 1980 (Starobogatov & Andreeva, 1994). Elle est apparue brutalement aux USA vers 1985-1986 (Lac Saint-Clair, Hebert, et al. 1989) et s’est répandue en l’espace de 4 ans, dans tous les réseaux hydrographiques de la partie orientale du continent: du Saint-Laurent à l’Hudson et au Mississipi (Strayer, 1991 ; Ludyanskiy et al. 1993 ; Ramcharan, et al. 1996.). La pénétration massive des Dreissènes sur le continent américain a engendré une “ dreissénophobie ” au début des années 1990 jusqu’à une intervention gouvernementale ultime, sous la forme d’une législation spécifique applicable à la protection du territoire national contre les espèces invasives ! Leur comportement (analogue à celui des moules marines) peut entraîner une série d’interactions “en cascade” dans les réseaux trophiques L’étude, menée dans la cadre du programme PIREN-Seine depuis 1999, a été, financée conjointement par le programme INVABIO (MEDD) depuis 2001. Le présent rapport résume celui qui vient d’être fourni au MEDD pour la fin du programme INVABIO (Akopian et al. 2004). L’objectif général était de modéliser la dynamique de Dreissena afin d’appréhender son rôle sur les chutes abruptes de blooms algaux aux exutoires des grands sous-bassin de la Seine. Une issue importante de ce projet était également d’évaluer le rôle de l’invasion dans la modification de la structure et le fonctionnement des communautés autochtones, et son rôle sur la biodiversité du système.