Cycle de l'azote pour un scénario hypothétique d’agriculture intégrée, généralisée aux bassins de la Seine, de la Somme et de l’Escaut

Auteur.e.s

V. Thieu, G. Billen, J. Garnier, M. Benoît

Université

UMR 7619 Sisyphe, CNRS/UPMC, UR 055 INRA SAD ASTER

DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2009.vol34

Les modifications des exportations en éléments nutritifs, en réponse aux activités humaines dans ces bassins au cours des 50 dernières années, sont caractérisées par des trajectoires différentes pour l'azote et le phosphore. Alors que le phosphore a récemment entamé un déclin rapide (Billen et al., 2001; 2007; 2005), le développement d’une agriculture industrialisée a augmenté la quantité d'azote aux zones côtières (Billen et al. 2001) ou au mieux les flux se sont maintenus à un niveau élevé (Billen et al., 2005), incompatible avec un approvisionnement en eau potable de bonne qualité (Ledoux et al., 2007). Un travail récent de modélisation de ces trois bassins versants a montré que la contamination des phosphates a été considérablement diminuée par une amélioration continue du traitement du P dans les eaux usées (Thieu et al., 2010). Par ailleurs les bilans d’azote dans les trois bassins (Thieu et al., 2009) a mis en évidence la faible contribution azotée des effluents urbains par rapports aux sources agricoles diffuses qui deviennent alors une cible principale à viser pour diminuer les émissions d'azote. Pourtant, l'application de bonnes pratiques agricoles préconisées par la politique agricole commune (introduction de cultures intermédiaires, réduction de la fertilisation, extensification de l'élevage bovin, etc.), n’apparait pas suffisante pour satisfaire aux exigences de la réglementation européenne des points de vues de la contamination en azote des eaux de surface et souterraines (directive 2000/60/CE, 2000; Thieu et al., 2010) et des rapports N: P hivernaux (OSPAR, 2005). De plus, le délai de réponse des eaux souterraines à des changements de pratiques agricoles complique l'évaluation des mesures à court terme de la diminution des teneurs en nitrate. Les travaux de Ledoux et al. (2007), ont mis en évidence qu’il serait nécessaire de stopper les apports de fertilisants synthétiques 'azote pour réduire considérablement les concentrations en nitrate à l’horizon 2050, alors que la mise en oeuvre de bonnes pratiques agricoles ne pourraient que les stabiliser à leur niveau actuel. Afin de poursuivre l’exploration du modèle, nous avons élaboré un scénario plus radical, tendant vers une agriculture sans fertilisation chimique dans les trois bassins.

Gilles.Billen@upmc.fr