S. Ayrault, I. Lefèvre, P. Bonté, C. Priadi, L. Lestel, J-M. Mouchel, C. Lorgeoux, R. Moilleron, I. Djouarev, J. Gaspéri, B. Tassin
LSCE, CEA-CNRS-UVSQ / IPSL, UMR Sisyphe, UPMC, LEESU (Ex-Cereve), Université Paris-Est, UMR-MA102 -AgroParisTech
DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2009.vol01
Les archives sédimentaires, que nous appelons « carottes » sont d’inestimables témoignages de l’histoire du bassin de la Seine, pouvant remonter sur un siècle. Leur utilité est reconnue mais très peu d’études d’archives sédimentaires représentatives de l’état d’une rivière (et non de son estuaire) ont été réalisées. D’autres types d’archives ont permis de reconstituer l’histoire de la contamination historique comme les glaces, les lacs boréaux et la tourbe, mais il s’agit là de reconstruction de la pollution atmosphérique régionale (Shotyk et Krachler, 2004; Grahn et al., 2006) ou globale (Krachler et al., 2008). La raison principale du peu d’études d’archives sédimentaires en rivière relatant l’histoire de la contamination d’un bassin versant anthropisé au cours des derniers 100 ans est la difficulté de trouver des carottes à sédimentation régulière sur plusieurs décennies, dans les rivières du Bassin de la Seine comme probablement dans toute rivière fortement anthropisée. En effet, les perturbations apportées par l’homme sont nombreuses (recalibrages, dragages, navigation). Le soutien pérenne du PIRENSeine, et une bonne connaissance du bassin, alliée à une maîtrise des techniques de datation ont permis de produire des carottes sédimentaires dont la datation est précise en différents sites du bassin. De nombreuses carottes ont été prélevées dans le bassin de la Seine. Les sites potentiels sont identifiés d’abord sur carte, puis par inspection du site. Des informations sont recherchées auprès des acteurs du site (propriétaires, surveillants de rivière, gestionnaires de bassin) pour appréhender l’histoire du site. Sur chaque site potentiel, trois à cinq carottes ont été prélevées, découpées et datées. Quatre sites se sont révélés présenter des sédimentations non perturbées intégrant 50 à 100 ans d’histoire des sédiments de la Seine. Ces sites sont Bouafles et Muids (Seine aval), Troyes (Seine amont) et Chauny (Oise). Ces quatre sites ont fait l’objet d’études sur l’historique des métaux lourds (Meybeck et al, 2007, Le Cloarec, 2009), en particulier l’historique des sources de plomb en Seine (Ayrault et al., 2009). Ensuite, le potentiel de ces archives a été développé par une étude préliminaire des polluants organiques persistants, et par une étude complète et très originale de l’imprégnation du bassin de la Seine par les antibiotiques (Ayrault et al., 2009). Pour ces études, en raison du risque de mauvaise conservation du signal de ces pollutions dans les archives existantes, de nouvelles carottes ont été prélevées sur le site Bouafles, qui récupère 96 % du drainage du bassin de la Seine. Ce site est en outre d’un accès facile. Echantillonné à de nombreuses reprises, le site de Bouafles a toujours délivré des carottes à sédimentation non perturbées. Les sous-échantillons ont été prélevés dès le retour au laboratoire dans les indications strictes d’échantillonnage et de conservation pour les polluants organiques persistants et les antibiotiques (Ayrault et al. 2009).