Les bactéries autochtones antibiorésistantes : occurrence et diversité.

Auteur.e.s

Tamara Garcia-Armisen, Julien Passerat, Adriana Anzil, Pierre Servais

DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2010.vol28

L’étude de l’antibiorésistance a montré que quatre sources de bactéries fécales caractérisées par des origines différentes des bactéries pouvaient être classées par taux de résistance décroissants : eaux usées hospitalières (bactéries fécales provenant de patients hospitalisés), eaux usées domestiques (bactéries fécales d’origine principalement humaine), rejets agricoles (bactéries fécales provenant des animaux d’élevage) et enfin ruisseaux forestiers (bactéries fécales provenant des animaux sauvages). L’analyse de ces résultats a indiqué que la source principale de bactéries entériques antibiorésistantes trouvées dans les rivières était les eaux usées domestiques (Servais et Passerat, 2009). La mise en évidence d’une population de bactéries entériques antibiorésistantes dans l’environnement aquatique pose la question de la possibilité de dissémination de l’antibiorésistance vers les bactéries autochtones du milieu naturel. On peut en effet imaginer sans peine le schéma suivant : des bactéries entériques se retrouvent en présence de quantités non négligeables d’un antibiotique dans le tube digestif d’un patient ou d’un animal traité aux antibiotiques, certaines d’entre elles acquièrent une antibiorésistance et sont excrétées, elles rejoignent ensuite le milieu aquatique naturel via les eaux usées et s’y retrouvent en présence des bactéries autochtones auxquelles elles sont susceptibles de transférer leur antibiorésistance par échange de matériel génétique. Dans un tel schéma, le milieu aquatique représenterait alors une source de dissémination de l’antibiorésistance. Des expériences ont été conduites pour investiguer la vraisemblance d’un tel schéma. A cet effet, sur certains échantillons d’eau et de sédiments issus de rivières différemment contaminées du bassin de la Seine, nous avons comparé le niveau d’antibiorésistance d’un type de bactéries entériques (E. coli) et de la flore autochtone cultivable. Par ailleurs, la diversité et l’identification phylogénétique des bactéries résistantes aux antibiotiques ont été étudiées sur certains échantillons d’eau de rivières du bassin de la Seine en utilisant une approche polyphasique, combinant des méthodes basées sur la mise en culture et des méthodes moléculaires.

pservais@ulb.ac.be