Flux des alkylphénols et du bisphénol A sur le bassin de la Seine : Premières estimations en Île-de-France

Auteur.e.s

Mathieu Cladière, Johnny Gasperi , Catherine Lorgeoux , Céline Bonhomme , Vincent Rocher , Bruno Tassin

Université

LEESU, Université Paris-Est, UMR-MA102 - AgroParisTech

DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2011.vol25

Les alkylphénols (AP), composés xénobiotiques, sont essentiellement utilisés dans la synthèse d’alkylphénols éthoxylés (APEO), majoritairement des nonylphénols éthoxylés NPEO (80%) et des octylphénols éthoxylés OPEO (20%) qui sont, eux, largement utilisés comme surfactants non ioniques dans de nombreuses applications industrielles et domestiques. La consommation mondiale de mélange d’alkylphénols éthoxylés s’élevait à 500 000 tonnes en 2002 (Ying et al. 2002). Le bisphénol A (BPA) est, lui, principalement utilisé comme monomère dans la synthèse de résines époxydes (revêtement interne des cannettes de soda et boîtes de conserve) et dans les plastiques polycarbonates très utilisés comme matériau pour leur grande résistance (volets mécaniques, phares de voiture, etc.) et dans l’industrie alimentaire (contenants en plastique micro-ondables). En 2007, la production mondiale de BPA était évaluée à 3 000 000 tonnes et serait en progression continuelle (Vandenberg et al. 2007). L’effet perturbateur endocrinien et la toxicité du BPA sur l’environnement aquatique sont aujourd’hui reconnus (Pickford et al. 2003; Wetherill et al. 2007). Les alkylphénols éthoxylés présentent, quant à eux, peu de danger direct pour l’environnement. Toutefois, ces composés peuvent être biodégradés par des processus tant anaérobies qui produisent les alkylphénols éthoxylés à courtes chaînes (nonylphénol mono et di éthoxylé NP1&2EO), que des processus aérobies qui produisent des acides carboxyliques (acide nonylphénoxy acétique NP1EC) (John et White 1998; Giger et al. 2009). Finalement les deux processus mènent à la production de 4-nonylphénol (4-NP) dont les activités endocriniennes sont avérées (Zhang et al. 2003; Bhattacharya et al. 2008). Dans le cadre conjoint des phases V et VI du programme PIREN-Seine et du programme Observatoire des Polluants Urbain (OPUR phase 3), le LEESU (Laboratoire Eau Environnement et Systèmes Urbains,) s’intéresse à la présence et aux flux des AP et du BPA dans la partie amont du bassin de la Seine. Les objectifs de cette étude sont doubles. Dans un premier temps, il s’agit d’étudier le poids des apports urbains à travers les rejets de station d’épuration et les rejets unitaires de temps de pluie (RUTP), par rapport au flux exporté par la Seine vers son bassin aval. Puis, afin d’élargir la question de la contamination du milieu par ces polluants, les premiers éléments sur les flux de retombées atmosphériques seront présentés.

mathieu.cladiere@leesu.enpc.fr