Changement d’usage des sols par l’agriculture du bassin de la Seine : une spécialisation des territoires permise par un usage accru des intrants de

Auteur.e.s

Catherine Mignolet, Céline Schott, Damien Foissy, Marc Benoît.

Université

INRA UR 055 ASTER

DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2012.vol01

De nombreux facteurs, politiques, économiques, techniques mais aussi humains, sont à l'origine de la spécialisation des régions de cultures et d'élevage que nous observons en France depuis une quarantaine d'années (Mignolet et al., 2012). Le soutien des prix du blé et de certaines grandes cultures, relayé après 1992 par les primes à l'hectare de céréales et d'oléoprotéagineux, la diminution de la main d'œuvre agricole et la recherche d'une moins grande pénibilité du travail, l'artificialisation croissante des milieux permise notamment par le drainage et les intrants chimiques (fertilisation minérale, pesticides), expliquent le recul des activités d'élevage dans les régions les plus propices aux grandes cultures. A l'opposé dans d'autres régions, la production de lait ou de viande s'est concentrée autour d'un appareil industriel performant. Les spécialisations régionales des productions et des industries de transformation se sont construites progressivement, avec l'objectif de valoriser, chaque fois que possible, les aptitudes des sols et des climats, mais aussi de profiter d'économies d'échelle et de réduire les couts de logistique, en cherchant à localiser les productions à proximité des usines. Le conseil technique, de plus en plus pointu et spécialisé, s'est également adapté : on ne trouve plus dans chaque région que des conseillers connaissant parfaitement les productions dominantes, ce qui tend à renforcer ce mouvement de spécialisation. Ainsi, les systèmes de production actuels et leur localisation s'avèrent totalement cohérents avec l'organisation des filières amont et aval en place et avec les systèmes de diffusion des conseils technico-économiques aux agriculteurs (Farès et al., 2012). Sur le bassin de la Seine, l'analyse de l'évolution des orientations technico-économiques des exploitations agricoles (OTEX) montre un net recul des systèmes de polyculture-élevage qui se cantonnent en périphérie de bassin, au côté de systèmes d'élevage spécialisés, aboutissant sur les 40 dernières années à une rupture de la complémentarité cultures-élevage dans une large partie centrale du bassin qui se spécialise dans la production de grandes cultures.

mignolet@mirecourt.inra.fr