Gilles Billen et al.
Sorbonne-Université, CNRS
DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2022.vol01
Résumé
Pour l’élevage comme pour l’ensemble des secteurs de l’agriculture, les activités d’amont (agrofourniture) et d’aval (transformation industrielle et distribution) ont pris un poids considérable dans l’organisation matérielle et spatiale des activités du secteur et dans la captation de la valeur économique qu’il génère. Après une description, en termes de flux, de l’état actuel de la filière viande et lait dans le système agro-alimentaire français à une résolution spatiale suffisamment fine pour y distinguer la contribution des territoires du bassin de la Seine, nous montrons sur quelques exemples choisis dans la filière du lait, de l’élevage porcin et de la distribution, comment des politiques étatiques délibérées ont largement contribué, au cours des trente années qui ont suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale, à la mise en place du système actuel (i) caractérisé par une production de masse, géographiquement très spécialisée et concentrée et (ii) contrôlé par un petit nombre d’acteurs privés monopolistiques, opérant largement à l’échelle du monde.
Points clefs
- La « modernisation » de l’agriculture après la Seconde Guerre mondiale a conduit à la spécialisation et à la concentration géographique des activités d’élevage ;
- Ce processus, délibérément organisé par l’Etat, correspond à la montée en puissance d’un petit nombre d’acteurs économiques, de plus en plus monopolistiques, de la transformation et de la distribution des produits alimentaires ;
- Les mutations du régime alimentaire de la population ont suivi le développement des secteurs de la production, de la transformation et de la distribution plutôt qu’elles n’en sont le moteur.