Changement de régime alimentaire, agro écologie et circularité : remodeler le système agroalimentaire européen et fermer le cycle de l'azote

Auteur.e.s

Gilles Billen et al.

Université

Sorbonne Université, CNRS, EPHE (Paris, France), CEIGRAM (Madrid, Espagne), Chalmers University of Technology (Göteborg, Suède), Institut d'écologie sociale (SEC) (Vienne, Autriche), Commission européenne, Centre commun de recherche (JRC) (Ispra, Italie).

DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2021.vol08

Résumé
Après la Seconde Guerre mondiale, l'évolution du système agroalimentaire européen a été marquée par l'intensification de l'utilisation d'engrais de synthèse, la spécialisation territoriale et l'intégration de l'alimentation humaine et animale dans les marchés mondiaux. Cette évolution a entraîné une augmentation des émissions d'azote dans les milieux aquatiques et l'atmosphère, émissions qui, en dépit des réglementations environnementales, continuent de nuire aux écosystèmes et au bien-être humain. Nous explorons ici comment ces pertes d'azote peuvent être drastiquement réduites dans un scénario actionnant en synergie trois leviers : (i) un changement de régime alimentaire vers moins de produits animaux et un recyclage efficace des excréments humains ; (ii) la généralisation des systèmes de cultures biologiques basés sur des rotations longues et diversifiées laissant place aux légumineuses fixatrices d’azote qui permettent de se passer des engrais azotés de synthèse ; et (iii) la reconnexion des systèmes d’élevage avec les systèmes de cultures permettant une utilisation optimale du fumier. Ce scénario démontre la possibilité de nourrir la population européenne projetée en 2050 sans importations d'aliments pour animaux et avec la moitié du niveau actuel de pertes environnementales d'azote.


Points clefs
✓ L’évolution du système agroalimentaire européen depuis 50 ans montre son ouverture progressive et sa dépendance nette en protéines vis-à-vis du reste du monde.
✓ Un scénario combinant changement de régime alimentaire, généralisation des systèmes d’agriculture biologique et reconnexion agriculture-élevage permet d’atteindre l’autonomie alimentaire de l’Europe en 2050.
✓ Il permet en outre de réduire considérablement la pollution de l’eau et les émissions de gaz à effet de serre

gilles.billen@upmc.fr

Les thématiques reliées