Utilisation et transfert de pesticides dans le bassin versant de la Marne

Auteur.e.s

Blanchoud H., Andreassian V., Ansard P., Mouchel J.M., Fauchon N., Billen G., Chevreuil M.

Université

Laboratoire Hydrologie et Environnement EPHE- UMR 7619 UPMC/CNRS, CEMAGREF, CEREVE ENPC, La Générale des Eaux,

Le problème de la contamination de l’environnement par les pesticides dans l’hémisphère nord est apparu à la fin des années soixante avec les emplois d’insecticides et de fongicides organochlorés (DDT, dieldrine, heptachlore…). En Europe, le constat de cette pollution a entraîné l’interdiction de la quasi totalité des emplois agricoles de cette catégorie de pesticides au cours de la décennie suivante. Parallèlement aux contrôles sanitaires, quelques laboratoires de recherche révélaient l’apparition d’autres cas de contamination des eaux de surface par d’autres pesticides, jusqu’alors considérés comme moins rémanents dans l’environnement. A partir de 1975, les triazines et notamment l’atrazine puis la simazine apparaissaient déjà comme étant des herbicides ubiquistes dans les régions agricoles où la culture de maïs était dominante. L’une des premières enquêtes concernant les usages de pesticides sur le bassin Seine Normandie indiquait que les herbicides et la famille triazines constituaient déjà 64 et 17 % des emplois totaux de pesticides (Coyne et Bellier, 1972). En Ile-de-France, les contrôles assurés par les réseaux de mesures et les distributeurs d’eau potable ont ultérieurement confirmé l’existence d’un problème général de contamination par les herbicides des principales ressources en eau, notamment la Seine et ses principaux affluents Yonne, Marne et Oise. Au début des années quatre vingt dix, la contamination permanente et les pics de pollution récurants dus aux triazines dans les eaux de la Marne ont déterminé la réalisation de plusieurs études, sur son bassin versant et deux sous bassins versants expérimentaux du Grand Morin : l’Orgeval et le Vannetin (Meybeck et al., 1998). Durant la deuxième phase du Piren Seine, de 1993 à 1996, ces travaux ont d’abord abouti à une meilleure compréhension des processus et de la dynamique de transfert par ruissellement des pesticides vers les eaux de surface. Cette amélioration des connaissances a été obtenue à partir de l’étude du comportement des contaminants, en relation avec les pratiques et les aménagements agricoles sur des bassins versants emboîtés de différents ordres. L’objectif de ce travail est axé sur l’estimation des apports et l’évaluation du transfert de pesticides dans le bassin versant de la Marne. Pour cela, tous les traitements ont été pris en compte, qu’ils soient agricoles ou urbains, mais également les apports indirects comme les retombées atmosphériques. Cette approche nous permettra de caractériser la vulnérabilité du cours d’eau vis à vis de ces molécules et de cartographier les zones potentiellement sensibles.