P. Humblot, P.-A. Jayet, A. Lungarska, A. Petsakos
INRA, UMR 210 Economie Publique
DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2013.vol02
La modélisation est utile soit pour pallier le coût et la lourdeur de l’expérimentation, soit parce qu’elle permet d’explorer des futurs possibles que l’expérience ne permet pas de tester. C’est particulièrement le cas en économie, lorsqu’interviennent des changements importants dans les contextes économiques (politiques publiques, variations de prix) et physiques (changement climatique). Dans le cas présent, l’eau est à la fois une ressource naturelle et un facteur de production agricole sur lequel il est difficile de mettre un prix, mais qui a un coût : coût d’accès et/ou de mise à disposition du producteur, éventuellement grevé d’une taxe ou d’une contribution sur une assiette variable (quantité, surface). La modélisation économique uniquement fondée sur l’inférence statistique permettant d’estimer des relations entre quantités et prix ne suffit pas. L’appui de la modélisation biophysique est alors bienvenu. Plus précisément, l’eau est un facteur de production important, dépendant des conditions climatiques. Par ailleurs, ajoutée à la pression sur l’offre agricole à cause du changement climatique, l’eau risque de subir de plus en plus la compétition entre usages qui ne sera pas qu’un problème du « sud » mais risque de devenir un problème du « nord », problème accru par la valeur économique des terres du « nord ». La gestion de l’eau et l’utilisation raisonnée de la ressource sont des sujets importants pour le policy maker. Les défis pour le futur sont donc la disponibilité de l’eau face au changement climatique et la prise en compte de l’intérêt de transmettre le « bon » signal aux agents économiques, au premier rang desquels sont les agriculteurs. Du côté du système productif, les interactions et combinaisons des facteurs sont difficiles à prendre en compte et à intégrer dans l’analyse économique. L’eau et l’azote sont théoriquement bien maîtrisés par la modélisation biophysique (i.e. par les modèles de culture). En combinant observation économique (même limitée, comme c’est le cas pour l’eau) et représentation biophysique des phénomènes, on se donne pour ambition de mettre l’eau au cœur de la modélisation agroéconomique des systèmes de production agricole.