Transfert hydrique des perturbateurs endocriniens dans le bassin de la Seine : exemple des phtalates

Auteur.e.s

M. Blanchard, MJ. Teil, C. Dargnat, D. Ollivon, A. Desportes, K. Tiphagne, M. Chevreuil

Université

LHE – EPHE, UMR Sisyphe 7619, UPMC

DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2005.vol29

La qualité de l’environnement est déterminée par le niveau de présence de contaminants liés à l’activité anthropique. A l’heure actuelle, on dénombre 5000 substances dangereuses libérées dans l’environnement qui sont définies selon 3 critères : leur persistance, leur capacité de bioaccumulation et leur toxicité (Marchand et Chaussepied, 2005). Diverses stratégies pour contrôler la qualité des milieux sont développées selon différents programmes nationaux (PNETOX), européens (NORMAN) ou mondiaux (UNEP) et en conséquence, la législation est en évolution permanente. Actuellement, des contaminants émergents focalisent l’attention en particulier, les alkylphénols (agents de nettoyage et surfactants) et les éthoxylates d’alkylphénols (agents de nettoyage des textiles et tapisseries) qui entraînent des effets œstrogéniques chez le Poisson (Jobling et al., 1996), les polybromodiphényls éthers employés comme retardateurs de flamme, sont également concernés, notamment les congénères 47, 99 et 209, rencontrés dans les matières en suspension et les sédiments (de Witt et al., 2002), le bisphénol-A, intermédiaire dans la production industrielle de certains matériels synthétiques et enfin, les phtalates utilisés comme plastifiants dans la fabrication des polymères et présents dans la plupart des compartiments environnementaux (Teil et al, 2006). Le nouveau projet de l’Agence Européenne des produits chimiques : enregistrement, évaluation et autorisation des substances chimiques (REACH) vise à trouver des alternatives appropriées et plus sûres à l’utilisation des substances les plus préoccupantes. La Directive Cadre sur l’eau (2000/60) de la Communauté Européenne dont l’objectif est d’atteindre à l’horizon 2015, un bon état écologique, classe le di-éthylhexyl phtalate (DEHP) sur la liste des 33 substances dangereuses prioritaires. En effet, le DEHP est cancérogène sur le foie des Rongeurs et suspecté d’effets perturbateurs endocriniens, notamment œstrogéniques. Il a par ailleurs, été classé parmi les carcinogènes humains probables par l’Environmental Protection Agency (EPA) en 2002. Cependant, il ne figure pas dans les normes de potabilité européennes et il est rare de le voir apparaître dans les bulletins d’analyse de l’eau de consommation courante. La contamination de l’atmosphère représente une voie d’exposition chez l’Homme (Rudel et al, 2003). L’exposition au DEHP a été estimée par le biomonitoring des métabolites urinaires comme le 5 monoéthyl, le 5 hydroxyéthyl et le 5 oxoéthyl phtalate. Les connaissances sur les sources d’apport et la diffusion dans l’environnement de ces contaminants émergents, en particulier, des phtalates, reste insuffisante, en dépit d’actions régionales menées depuis 1990. Notre objectif a été de préciser la présence et l’importance des transferts de 6 phtalates dans les eaux de surface et le compartiment atmosphérique dans le bassin versant de la Seine.

Martine.Blanchard@ccr.jussieu.fr