Les petites rivières urbaines ou la place de l’eau et des milieux aquatiques dans les territoires urbains

Auteur.e.s

Catherine Carré, Bernard de Gouvello, Jean-Claude Deutsch, Jose-Frédéric Deroubaix, Jean-Paul Haghe.

Université

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, LADYSS, LEESU, Université Paris-Est, Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB), Université de Rouen, Pôle de Recherche pour l’Organisation, la Diffusion de l’information Géographique (PRODIG)

DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2010.vol14

La Directive Cadre sur l’Eau exige la reconquête d’un bon état ou d’un bon potentiel écologique, avec un état de référence difficile à définir dans les zones urbaines où la rivière a été aménagée, instrumentalisée au service des usages humains depuis le Moyen-Âge. En même temps, la DCE affirme un principe de réalisme : les objectifs de reconquête sont établis par le Comité de Bassin et la DCE admet des possibilités de report en 2021 ou 2027, comme des résultats moindres s’ils sont dûment justifiés. Si les habitants et les élus se sont prononcés à la fin des années 1970 pour arrêter la couverture de ces rivières et le bétonnage de leurs berges, les petites rivières urbaines peinent aujourd’hui à trouver une place dans les projets locaux, faute d’usages suffisamment mobilisateurs ou d’enjeux écologiques aisément appropriables. Les petites rivières urbaines constituent donc des opportunités d’action collectives, encadrées par les réglementations européennes et nationales. Celles-ci obligent à retrouver des fonctionnalités naturelles qui n’existent plus, dans des contextes de mise en œuvre extrêmement compliqués au sein d'un environnement urbain. Plus fondamentalement, en confrontant la réalité d’une rivière profondément artificialisée avec l’ambition d’un cours d’eau retrouvant un fonctionnement le plus spontané possible, elles nous interrogent sur la place du citadin dans la nature et sur l’existence d’une rivière comme espace urbain commun. L’ambition des chercheurs du PIREN-Seine vise à rendre compte des relations qui existent entre la rivière et les habitants pour présenter les convergences comme les divergences entre les usagers, les habitants et les gestionnaires du cours d’eau. Il s’agit d’en comprendre les fondements pour dégager une vision et des pistes d’action communes. Autour de la gestion écologique du cours d’eau et des projets de restauration, est-il possible d’identifier des attentes en termes de pratique et de qualité de vie pour les habitants des communes riveraines, qui viennent compléter les résultats attendus par la DCE ? Peut-on ainsi motiver des maîtres d’ouvrage qui s’engagent dans une reconquête de la qualité biologique et physique de la rivière et de ses milieux ? Le travail est centré sur quatre cours d’eau choisis selon un gradient de plus ou moins forte urbanisation et d’éloignement au centre de Paris : la Bièvre, l’Orge, l’Essonne et le Grand Morin. Ce n’est pas la rivière qui est étudiée mais les interactions entre le cours d’eau, les milieux aquatiques, les territoires et les sociétés, selon trois entrées privilégiées : - les pratiques des habitants le long du cours d’eau ; - les valeurs qu’ils lui attribuent autour de la qualité reconnue ou attendue du cours d’eau ; - les mobilisations collectives que la rivière suscite autour de la gestion des inondations, de la reconquête de la qualité et des projets de renaturation du cours d’eau et des milieux aquatiques.

carre@univ-paris1.fr