Les aménagements hydrauliques liés au flottage du bois, leur impact sur le milieu fluvial XVIe-XVIIIe siècles

Auteur.e.s

Paul Benoit, Karine Berthier, Philipppe Boët, Charles Reze

Université

Equipe d’Histoire des Techniques, UMR 8589-Université de Paris 1, Cemagref Antony

Le flottage du bois sur la Seine pour alimenter Paris est un fait relativement récent et de courte durée. Le premier train de bois arriva dans la capitale le 20 avril 1547, selon le registres du bureau de la ville de Paris, le dernier accosta en 1923 mais depuis la fin du XIXe siècle, le flottage ne cessait de régresser (Dupont, 1995). Ce sont les besoins en chauffage d’une ville dont la population a presque triplé de 1450 à 1550 qui expliquent cet appel à des forêts éloignées et à un mode de transport connu déjà par ailleurs mais qui n’avait jamais atteint une telle ampleur. Pendant plus de deux siècles, le courant de la Seine et de ses affluents a été le principal fournisseur en combustible de la ville et la contribution du bassin de l’Yonne dominait largement celles des autres rivières. Cette demande n’a cessé de s’accroître jusqu’au XIXe siècle. Paris, selon les estimations de Jean Boissière, consommait environ 350 000 stères au milieu du XVIe siècle, 830 000 sous la Régence et 1 500 000 à la fin de l’Ancien Régime dont les deux tiers de bois flotté (Boissière 1991). En 1804, plus de 90% des trains de bois arrivant à Paris provenaient du Morvan, près de 70% de la haute Yonne et plus de 20 % du bassin de son affluent la Cure (Dupont, 1995). Notre propos n’est pas ici de mesurer l’impact du déboisement sur le milieu forestier mais d’essayer d’appréhender les transformations apportées au milieu fluvial, en envisageant la question aussi bien sur le plan des modifications du milieu, que ce soit le système hydraulique, le fonctionnement hydrologique, la qualité de l’eau ou la vie dans les rivières que dans les domaines économiques et sociaux, en essayant de comprendre le jeu des pouvoirs et des financements qui a entraîné ces modifications (Bravard, 1999). L’enquête restera limitée aux hautes vallées et ne prendra pas en compte l’aménagement du lit de l’Yonne et de ses affluents majeurs dès qu’ils auront atteint le niveau 4 de la classification de Strahler (1957). Le texte de cette communication n’a pas la prétention de répondre à toutes ces questions, le travail n’en est qu’à ses débuts. Il s’agit de présenter un état des connaissances et des méthodes qui devrait permettre de développer un programme de recherches dans les années à venir.