L’alimentation et les usages de l’eau à Paris du XIIe au XVIe siècle.

Auteur.e.s

Paul BENOIT

Université

Université Paris 1 – UMR 8589 LAMOP

Du début du XIIe siècle au milieu du XVIe, Paris connaît une croissance exceptionnelle qui voit sa population passer de quelques milliers d’habitants vers 1100 à environ 25000 vers 1180, 50000 en 1220 et dépasse 200000 à la fin du premier quart du XIVe siècle. La très grave crise qui frappe l’Europe au milieu du XIVe siècle avec son cortège de pestes, de guerres et d’effondrement des prix et de la production touche particulièrement Paris point sensible du conflit franco-anglais, la Guerre de Cent Ans. Au milieu du XVe siècle, on peut estimer que Paris a perdu la moitié de sa population qui retombe 100000 habitants mais elle remonte vite et à la fin du XVe siècle les habitants sont aussi nombreux qu’en 1225. La croissance continue au cours de la première moitié du XVIe siècle et la population atteint 350000 habitants au milieu du siècle. Une telle croissance a posé aux Parisiens, et aux autorités municipales ou royales, des problèmes qui touchent à la fois à l’approvisionnement en eau, aux usages de cette eau et enfin à l’évacuation des eaux usées. Dès le Moyen Age la question de la qualité de l’eau se pose, elle apparaît avec plus de netteté encore au XVIe siècle. Les textes qui se multiplient alors sont-ils le signe d’une prise de conscience ou plus simplement d’un changement dans la documentation ? Les sources de cette étude sont nombreuses et varient selon les époques. Dans un premier temps, on peut dire que jusqu’au XIIIe siècle ce sont avant tout les données du terrain, à vrai dire autant géologiques qu’archéologiques. A la fin du Moyen Age, les documents sont de plus en plus nombreux et précis. La ville romaine implantée sur la rive gauche recevait son eau par un aqueduc qui captait les sources de la nappe du calcaire de Brie à Rungis et à Cachan. L’expansion médiévale s’est essentiellement faite sur la rive droite à partir des monceaux alluvionnaires anciens hors d’atteinte des crues qui inondaient l’ancien bras de la Seine au pied de l’arc de collines domine la ville au nord.