Influence d’une irrigation généralisée sur les ressources en eau du bassin de la Seine

Auteur.e.s

Pascal VIENNOT et Emmanuel LEDOUX

Université

Centre de Géosciences, Ecole des mines de Paris

DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2005.vol01

L’irrigation est devenue la tendance la plus lourde de l’agriculture depuis la fin du siècle dernier. En effet, entre 1988 et 1995, la surface totale irriguée en France est passée de 1,15 à 1,65 millions d’hectares, soit une augmentation moyenne annuelle de 5%. Sur le bassin Seine Normandie, les surfaces irriguées représentent environ 110 000 hectares, ce qui reste à ce jour relativement faible, mais les politiques agricoles (la PAC assure par exemple une surprime aux surfaces irriguées pour compenser la lourdeur des investissements) devraient continuer à inciter à produire plus sur un minimum de surface et donc à forcer la nature. L’irrigation est devenue un facteur de production dont les coûts monétaires doivent être compensées par un accroissement de la valeur de production et se traduire, pour l’exploitation, par une augmentation de la marge nette. De plus, l’irrigation peut devenir un facteur de sécurité en permettant de rendre l’agriculture moins vulnérable aux aléas climatiques (les différentes sécheresses pluriannuelles observées au cours de ces deux dernières décennies ou l’augmentation des sécheresses estivales telle que le prévoit l’étude du changement climatique en sont un bon exemple). Enfin, l’irrigation permet une bonne maîtrise de la production en quantité et en qualité, ce qui devient l’une des conditions essentielle de contractualisation de l’agriculteur avec les industries agro-alimentaires ou de semences. Face au développement des surfaces irriguées du bassin, une question se pose alors : que risquent de devenir les ressources en eau si l’ensemble des agriculteurs se lance dans une irrigation intensive ? Même si cette hypothèse peut paraître tout à fait irréalisable dans son principe (coût d’investissements prohibitifs, ressource non accessible, …), nous avons tout de même cherché à quantifier l’impact sur le bassin (débit des rivières, niveau des nappes) que pourrait avoir une telle politique. Pour ce faire, nous utilisons la chaîne de modélisation STICS-MODCOU (mise en place dans la cadre du PIREN-Seine (Gomez 2002) pour simuler le fonctionnement hydrodynamique général du bassin et la dynamique des pollutions agricoles azotées) grâce à une fonctionnalité particulière du modèle STICS permettant de calculer à chaque pas de temps de calcul la dose d’irrigation (optimale ou non) à apporter aux cultures pour permettre leur bon développement. Ceci va donc permettre, en première approche, de calculer pour chaque type de culture et sur l’ensemble de la diversité agricole du bassin, les quantités d’eau à prélever dans les formations aquifères sous jacentes et d’en estimer l’impact maximal sur la ressource.

Pascal.Viennot@ensmp.fr