Impacts à long terme de changements de pratiques culturales sur le lessivage du nitrate.

Auteur.e.s

Beaudoin N., Constantin J., Barataud F., Burel E., Foissy D., Aubrion G., Mary B.

Université

INRA, US1158 Agro-Impact, UMR 7619 Sisyphe, Université Pierre et Marie Curie, INRA UR055 ASTER, Arvalis Institut du Végétal

DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2010.vol05

En situation agricole réelle, il est difficile d’isoler l’impact d’une pratique donnée, car les techniques appliquées sur une parcelle sont interactives et s'inscrivent dans un ordre logique (Sebillotte, 1974). De plus, elles sont planifiées, non à l'échelle de la parcelle, mais à des niveaux d’organisation supérieurs que sont le groupe de parcelles d'une même sole et de l'exploitation (Aubry et al., 1998, Meynard et al., 2002). L’exploitation agricole est l’échelle spatiale où se déterminent in fine les modes de conduite. Pour quantifier l’impact de systèmes réels, il est nécessaire de prendre en compte les échelles de la rotation et du bassin incluant plusieurs exploitations (Gaury, 1992 ; Beaudoin, 2006). Il n’est pas possible de mesurer directement l’impact d’amélioration de pratiques sur la ressource en eau en dehors des périmètres drainés. Les outils utilisés varient avec l’objectif : diagnostic de l’impact de l’état actuel, pronostic d’une évolution en fonction de scénarios. Ils relient le contexte pédo-climatique et cultural à la concentration nitrique de l’eau de percolation. Etablir cette liaison présente plusieurs difficultés : i) l’impossibilité, avec des mesures, d’accéder directement aux flux ; la difficulté de passer de mesures de stocks ou de concentration à des flux et la difficulté d’extrapoler ; ii) la difficulté, avec des modèles, d’accéder aux variables d’entrée et à certains paramètres ; l’impossibilité de valider partout le modèle ; iii) la difficile quantification par rapport à une valeur limite absolue qu’il faut choisir (guide de la directive nitrate à 25 mgNO3/l ; limite pour les marées vertes à 10 mgNO3/l). Il est donc plus facile de prédire un sens de variation qu’une efficacité par rapport à une norme. La quantification du lessivage du nitrate et la prise en compte de la variabilité spatiale des pratiques à l’échelle du territoire demandent de recourir à la modélisation ; cependant le risque de dérive temporelle des modèles conduit à d’abord tester leurs prédictions contre des données expérimentales de longue durée. Ce papier résume le contenu, d’une part, de la thèse de J. Constantin (2010) et de son post-doc financé par le PIREN Seine sur la quantification à long terme des impacts de pratiques culturales à partir d’essais de longue durée (Culture intermédiaire piège à nitrate C.I., fertilisation, non travail) et, d’autre part, de diverses études d’impact de pratiques conventionnelles ou contractualisées sous mesures agri-environnementales (MAE ; réalisées hors PIREN Seine) ou en agriculture biologique (co-financée par le PIREN Seine).

nicolas.beaudoin@laon.inra.fr