H. Blanchoud, F. Botta,G. Lavison-Bompard, N. Fauchon, B. Guery, X. Morvan, G. Couturier.
EPHE- UMR Sisyphe, EAU DE PARIS, VEOLIA EAU, SEDIF, GEGENA, Univ. Reims Champagne Ardenne
DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2010.vol22
Les produits phytosanitaires, ou pesticides, ont essentiellement pour objet de lutter contre les bioagresseurs des cultures (tels que les adventices, ravageurs, maladies), et ainsi de sécuriser les rendements agricoles. C’est en partie grâce au recours aux intrants (pesticides, engrais de synthèse, etc.) que l’agriculture des pays développés a permis d’atteindre au XXe siècle des objectifs de sécurité alimentaire et sanitaire des aliments. L’intensification des cultures a engendré la diversification des pesticides mis sur le marché. De plus en plus spécifiques et toxiques à des doses infimes, ces produits appelés aussi produits phytosanitaires ou phytopharmaceutiques n’en restent pas moins préoccupants. Ils font partie des rares produits à être intentionnellement dispersés dans l’environnement pour la protection des cultures, l’entretien des voiries ou l’esthétique paysagère. Par manque de connaissance des effets réels sur la santé et l’environnement, les premières normes ont été établies selon les limites de quantification des principales matières actives sur les appareils chromatographiques. Cette norme concernant l’eau potable a souvent servi de référence pour qualifier l’état chimique des cours d’eau sans pour autant représenter un risque réel. Afin de répondre rapidement à l’inquiétude sociétale sur le sujet de la contamination par les pesticides, des molécules les plus fréquemment détectées dans les eaux ont été interdites. Parallèlement, des indices de qualité des eaux ont été mis en place afin d’établir de nouvelles normes répondant au mieux à la protection de la ressource en eau. Les grilles de qualité du SEQ-eau initialement réalisées dans ce but sont maintenant abandonnées pour laisser la place aux Normes de Qualité Environnementale (NQE). Les NQE sont définies pour chaque substance pour les polluants prioritaires et dangereux. Elles sont basées sur le risque écologique pour l’évaluation des cours d’eau au regard de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE). Ces normes portent sur deux critères : soit sur la moyenne annuelle (appliquée pour 5 pesticides), soit sur la moyenne annuelle et la concentration maximale lors d’un prélèvement (appliquée pour 13 pesticides). Ainsi, en France, seules 17 stations ne répondraient pas aux normes NQE pour les pesticides dont 11 dans le bassin Seine Normandie. L’Orge fait partie de ces stations. Selon le rapport DIREN IDF paru en décembre 2006, la qualité des eaux superficielles de l’Orge est considérée comme médiocre à moyenne (DIREN IdF, 2006), avec des points de mauvaise qualité en particulier en milieu urbain où le ruissellement superficiel est plus important. Le diuron (utilisé pour entretenir la voirie) a été la substance la plus fréquemment détectée dans l’Orge, avec le glyphosate et l’AMPA. L’atrazine et son principal produit de dégradation (DEA) subsistent dans le milieu, même après leur interdiction en 2003.