Experts et qualité de l'eau de la Seine au XIXe siècle

Auteur.e.s

Laurence Lestel

Université

CDHT-CNAM

Une des missions de l’axe “ Rétrospective ” est de consolider les données contemporaines permettant de comprendre le fonctionnement de l’écosystème Seine en y intégrant la part relative à l’héritage technique et matériel de notre passé. Intégrer ces données nécessite impérativement de comprendre dans quel esprit, pour quel but elles ont été générées, de décrire le jeu social qui les entoure. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes intéressés à la genèse des critères de qualité de l’eau en France au XIXe siècle. A l’origine de la préoccupation grandissante de l’ensemble de l’Europe vis-à-vis des eaux de rivières, est la montée en puissance des réseaux de distribution et d'évacuation de l'eau dans les grandes villes, signes de modernité et de meilleure hygiène de la ville, mais qui ne sont pas exempts d'aspects négatifs, comme en témoigne la dégradation manifeste de la qualité de l'eau de la Seine depuis les années 1840. « L’altération des eaux courantes est due invariablement la même cause : les égouts qui viennent y déverser les eaux industrielles et ménagères » (Gérardin, 1874). La première partie rappellera la situation de l'eau à Paris dans la deuxième moitié du XIXe siècle, tant du point de vue de l'approvisionnement que de son corollaire: le rejet des eaux polluées. Puis nous décrirons les analyses qui sont alors effectuées sur les eaux de rivières : mesure du degré hydrotimétrique et taux d’oxygène. Enfin, dans cette période d'incertitude sur l'origine hydrique des maladies, le plomb est un candidat comme un autre pour expliquer quelques épidémies jusque là incomprises. Dans la dernière partie, nous nous attarderons sur la manière dont des experts ont recherché la présence d’éléments mineurs toxiques dans l’eau.

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