Effets à long terme des cultures intermédiaires, du non labour et de la réduction de la fertilisation sur le bilan d'azote à l'échelle de la parcelle.

Auteur.e.s

J. Constantin, B. Mary, F. Laurent, N. Beaudoin

Université

INRA Unité Agro-Impact, Arvalis Institut du végétal

DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2008.vol35

Pour limiter les pertes de nitrates vers les nappes aquifères, les directives européennes ont favorisé les bonnes pratiques agricoles (BPA), telles que l’ajustement de la fertilisation minérale azotée ou l'établissement des cultures intermédiaires (CI). La diminution des apports d'azote de 20% par rapport à la dose recommandée a été préconisée dans le cadre des mesures agro-environnementales afin de réduire les impacts sur l'environnement. Les cultures intermédiaires sont connues pour réduire le lessivage des nitrates, du moins sur le court terme (Thomsen, 2005; Tonitto et al., 2006). Elles ont également tendance à augmenter le stock d'azote organique du sol (Thomsen et Christensen, 2004), mais il n'y a pas de consensus sur l'intensité de cette augmentation. La réduction de fertilisation azotée sous la dose recommandée ne constitue pas une mesure très efficace pour réduire le lessivage à l'échelle annuelle (Kohler et al. 2006), mais pourrait s’avérer plus efficace sur le long terme (Hansen et al. 1996, Gomez et al. 2002). Toutefois, les conséquences de la réduction au-dessous de la dose recommandée n'ont pas été beaucoup étudiées à long terme. Le non labour est parfois mis en avant pour réduire le lessivage du nitrate en limitant la minéralisation d’azote du sol (Dowdell et Cannel, 1975; Malhi et Nyborg, 1989). Toutefois, les effets sur le lessivage sont contradictoires et semblent être dépendants du sol et du climat (Goss et al. 1990; Hansen et Djurhuus, 1997). À long terme, le travail réduit du sol semble augmenter le stock de matière organique du sol sur une profondeur équivalente à l’ancienne couche labourée (ex. Rossella et al., 2007). Ces résultats indiquent que si les effets des pratiques à court terme sont bien étudiés, le devenir de l'azote à long terme n'est pas bien connu. Or, seules des études à long terme permettent d'identifier tous les effets, y compris les évolutions de la matière organique du sol. La balance azotée à long terme, différence entre les apports de N et de l'exportation par les cultures, représente un indicateur de pression d'azote sur le système. Dans les systèmes où cette balance est très excédentaire (> 80 kg N/ha/an), les pertes d’azote par lessivage sont également très élevées. Ceci n’est pas forcément vrai pour des balances azotées plus modérées. En fait, la balance est égale à la somme des pertes par lixiviation, émissions gazeuses et immobilisation dans le sol. Une même balance peut se traduire par une répartition variable entre le lessivage, le stockage et les pertes gazeuses. L'objectif de ce travail est 1) d'analyser les effets des pratiques agricoles telles que les CI, le semis direct et la réduction de fertilisation azotée sur la balance azotée et ses composants à long terme dans différents contextes, 2) de déterminer le devenir de N non lessivé entre le stockage dans le sol, l'absorption par les cultures principales et les émissions gazeuses.

nicolas.beaudoin@laon.inra.fr