Effet de la gestion du barrage Marne sur la qualité de l’eau à Noisiel : introduction de la notion de débit critique

Auteur.e.s

Daniéla Tican, Josette Garnier et Gilles Billen

Université

UMR Sisyphe 7619, CNRS/UPMC

Dans le contexte des réflexions menées actuellement sur les ‘débits cibles’, il est devenu nécessaire d’établir de manière rationnelle les potentialités et les limites d’une modification des règles de gestion des barrages-réservoirs en terme de qualité d’eau au droit des principales prises d’eau destinées à la production d’eau potable en région parisienne. L’objectif que nous nous sommes fixé était d’évaluer les performances de la politique actuelle de gestion des barrages réservoirs en matière de développement algal et de contamination ammoniacale de la Marne dans le secteur aval de son cours, dans une gamme aussi large que possible de situations hydrologiques. Nous avons montré la faisabilité d’une démarche d’évaluation statistique de l’effet d’une politique définie de dérivation-restitution par rapport à un critère donnée de qualité d’eau. Diverses modifications du règlement d’eau pourraient être testées de cette manière, et leurs bénéfices respectifs comparés. Nous avons montré que la prévision de l’effet de la gestion des ouvrages de rétention sur la qualité de l’eau ne peut se baser sur un raisonnement simple faisant appel à la notion de dilution. Les relations concentration – débit étudiées ici pour le phytoplancton et la teneur en ammonium sont complexes et s’écartent très largement des courbes hyperboliques que l’on attendrait d’un processus de dilution dominant. Nous avons été conduits à introduire le concept de ‘débit critique’, qui permet de prévoir dans quelles conditions une manipulation du débit peut conduire à une amélioration de la qualité de l’eau. Ce concept nous semble devoir être pris en compte dans les discussions en cours actuellement sur la définition de débits-cibles dans la gestion des barrages réservoirs du bassin de la Seine.