Biodégradabilité de la matière organique en sortie de station d’épuration

Auteur.e.s

Marie-Hélène Tusseau-Vuillemin, Guillaume Le Réveillé, Jean-Marie Mouchel, Jérôme Dispan, Marc Delbec, Pierre Servais.

Université

Cemagref, CEREVE, Université Libre de Bruxelles

Si le programme Seine s’intéresse depuis ses débuts, et avec beaucoup de constance, au problème de la matière organique biodégradable, c’est, outre pour son importance géochimique dans les bilans de matière, essentiellement pour son rôle critique dans les bilans d’oxygène dissous dans le fleuve. Le cycle de l’oxygène est en effet principalement affecté par trois flux, dont deux impliquent directement la matière organique : les échanges avec l’atmosphère (de nature physico-chimique), la photosynthèse (production de matière organique par le phytoplancton à partir du dioxyde de carbone) et la respiration bactérienne (proportionnelle à la dégradation de la matière organique biodégradable). On voit donc que ce qui fait l’importance de la matière organique vis à vis des écosystèmes fluviaux tient à son caractère évolutif : il s’agit d’un paramètre non-conservatif, ce qui signifie que la quantité mesurée en amont de Paris ne se retrouvera pas forcément en aval (comme cela le serait pour les chlorures, par exemple), ni même ne sera constante dans un bilan à l’échelle du bassin tout entier (comme cela le serait pour des particules minérales, par exemple). La matière organique est produite par la photosynthèse, apportée de façon diffuse par les eaux de ruissellement, de façon ponctuelle par les rejets urbains, puis dégradée. La compréhension de ces mécanismes a largement avancé, en particulier grâce aux travaux du PIREN Seine en aval de Paris (Servais et al., 1999a et b). Cependant, l’établissement de bilans, à l’échelle locale ou du bassin, reste une tâche complexe, car les méthodes de mesure de la matière organique ne sont pas encore adaptées à cette problématique ou sont en cours de développement et n’ont pas encore été appliquées de façon suffisamment exhaustive. Durant l’année 1999, nous avons, dans le Programme Seine, soulevé le problème de la partie amont du bassin de la Seine : de quoi sont faits les rejets urbains lorsque qu’ils ne sont pas issus des stations parisiennes ? Quel peut être leur impact, local ou régional ? Nous avons de plus commencé à développer une méthode d’approche de la matière organique rapidement biodégradable, permettant de différencier ces deux échelles d’impact. Dans ce rapport, nous discutons l’impact éventuel des apports de matière organique biodégradable en amont de Paris. Puis, nous présentons les premiers résultats de notre exploration de la partie amont du bassin, en insistant sur la variabilité des apports de matière organique biodégradable. Enfin, nous démontrons l’efficacité de la méthode respirométrique développée et dressons les perspectives que cet ensemble de résultats nous suggère pour l’année prochaine.