Bilan et modélisation du phosphore mobile dans le bassin de la Marne. Exploration, par le modèle, de scénarios de réduction du phosphore ponctuel et

Auteur.e.s

Julien Némery, Josette Garnier, Christian Morel, Gilles Billen & Sylvain Théry

Université

UMR Sisyphe 7619, Univ. P. & M. Curie, INRA Bordeaux

Le phosphore est le facteur limitant de la croissance algale dans le bassin de la Seine (Garnier et al., 1995). Le modèle écologique développé sur la Seine (RIVERSTRAHLER, (Billen et al., 1994; Garnier et al., 1995), en accord avec le River Continum Concept (Vannote et al., 1980) prend en compte de manière détaillée la physiologie des algues, mais la représentation de la dynamique du phosphore reste encore très simplifiée des têtes de bassins aux grandes rivières. Les échanges entre les phases dissoute et particulaire dans les matières en suspension et dans les sédiments ne sont pas pris en compte, bien qu’ils puissent représenter un stockage important en phosphore. Dans un contexte de réduction des apports ponctuels du phosphore (d’un facteur 2 depuis 1991, Garnier et al., 2002b), il est désormais important de quantifier le rôle eutrophisant de ce phosphore stocké, potentiellement mobilisable. En outre, les simulations de réduction du phosphore (Garnier et al., 1998) n’ont jusqu’à présent porté que sur la diminution dans les apports ponctuels qui n’ont, au total, qu’un effet assez limité dans le réseau hydrographique, même une réduction drastique, peu réaliste. Ces résultats nous ont conduits à réfléchir sur la part réelle du phosphore diffus et la nécessité d’agir aussi sur ces sources. L’enjeu de gestion actuel est important. On constate en effet une diminution des phosphates d’origine ponctuelle (traitement en stations d’épuration, réduction dans les produits lessiviels), mais des phosphates vont être par ailleurs introduits dans les eaux de distribution pour éviter le relargage de l’effet du plomb des canalisations des habitations anciennes. Dans un cadre général d’une augmentation constante des zones de grandes cultures, les apports diffus augmentent en proportion des apports ponctuels, et pourraient même devenir quantitativement dominants, et plus difficiles à maîtriser.