Bactéries indicatrices fécales dans les rejets urbains de temps de pluie parisiens et la Seine à la traversée de Paris.

Auteur.e.s

Jean-Marie Mouchel, Claire Thérial, Ludivine Lesage, Françoise Lucas, Pierre Servais, Vincent Rocher et Alexandre Goncalves.

Université

UMR Sisyphe - UPMC, DDP-SIAAP, LEESU-UPEC, ESA-ULB

DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2011.vol16

Depuis plusieurs décennies, les efforts d'assainissement engagés au sein de l'agglomération parisienne ont considérablement amélioré la qualité sanitaire des eaux transportées en Seine (Servais et al., 2007). Bien que les bactéries indicatrices fécales (BIF) ne soient pas forcément des indicateurs quantitatifs de la présence de pathogènes tels que virus et protozooaires (Moulin et al., 2010, Wen et al., 2009), elles demeurent un indicateur répandu, bien maîtrisé, très étayé au point de vue épidémiologique, et réglementaire. Il demeure donc un intérêt fort à étudier ces indicateurs. Alors que les technologies classiques de traitement des eaux usées municipales, aujourd'hui typiquement un traitement tertiaire incluant nitrification et dénitrification biologiques permettent un abattement des BIF de l'ordre de 2.5 log (George et al., 2002, Jamwal et al., 2009), certaines techniques dédiées, désinfection solaire par lagunage ou désinfection UV permettent d'atteindre une élimination de l'ordre de 4 log (George et al., 2002, Reinoso et al.,2008, Llorens et al., 2009) et les technologies les plus modernes (épuration membranaire) atteignent des rendements encore meilleurs (Holba et al., 2012, Marti et al., 2011). Les eaux usées charriés annuellement à partir du réseau unitaire parisien représentent un volume de 900 millions de m3 . On peut considérer que les volumes déversés sans traitement par temps de pluie sont de l'ordre de 25 millions de m3 , dont le quart environ au niveau des déversoirs d'orage de Clichy et de La Briche. A ces rejets, s'ajoutent divers déversements fonctionnels et contrôlés, liés par exemple à des mises en chômage. Notre objectif n'est pas ici de produire des bilans précis, mais simplement des ordres de grandeur. Avec un traitement de bon niveau (abattement typique de 2.5 log), les apports de BIF en Seine par les 900 millions de m3 traités deviennent inférieurs d'un facteur 5 aux apports par les rejets urbains de temps de pluie du réseau unitaire, même en admettant un facteur de dilution moyen d'un facteur 2 par temps de pluie (cf infra). Ces considérations, aussi grossières soient-elles, montrent l'importance potentielle des rejets urbains de temps de pluie sur la qualité sanitaire de la Seine à Paris, et la nécessité d'une évaluation consolidée qui prenne aussi en compte les processus d'élimination des BIF en rivière. C'est l'objet de la série de campagnes de mesures qui ont été engagées depuis 2010 par le PIREN-Seine et le SIAAP, et dont une synthèse des données est présentée ici. Elles complètent notamment des campagnes focalisées sur le suivi détaillé d'un déversement majeur qui avaient été organisées au cours des années précédentes (Servais et al., 2010, Passerat et al., 2011).

jean-marie.mouchel@upmc.fr