M. Cladière, J. Gasperi, C. Lorgeoux, B. Tassin
LEESU, Université Paris-Est, UMR-MA102 - AgroParisTech
DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2009.vol10
Parmi les perturbateurs endocriniens communément cités dans la littérature, on retrouve les hormones naturelles ou de synthèses, les polybromodiphényléthers, les phtalates, mais également les alkylphénols (APs) et le bisphénol A (BPA) (Sharma et al. 2009). Les alkylphénols simples (AP) sont essentiellement utilisés dans la synthèse d’alkylphénols éthoxylés (APEOs), majoritairement des nonylphénols éthoxylés NPEOs (80%) et des octylphénols éthoxylés OPEOs (20%) qui sont, eux, largement utilisés comme surfactant non ioniques dans de nombreuses applications industrielles et domestiques. La consommation mondiale de mélange d’alkylphénols éthoxylés s’élevait à 500 000 tonnes en 2002 (Ying et al. 2002). Le bisphénol A est principalement utilisé comme monomère dans la synthèse de résines époxydes et comme inhibiteur de polymérisation dans le polychlorure de vinyle (PVC). Chaque année 450 000 tonnes de BPA sont produites et consommées à travers le monde (Vandenberg et al. 2007). L’effet perturbateur endocrinien et la toxicité du BPA sur l’environnement aquatique sont aujourd’hui reconnus (Pickford et al. 2003; Wetherill et al. 2007). Les alkylphénols éthoxylés présentent, quant à eux, peu de danger direct pour l’environnement. Cependant, ces composés peuvent être biodégradés en composés éthoxylés à courte chaîne tels les alkylphénols diéthoxylés (nonylphénol et octylphénol diéthoxylé NP2EO et OP2EO) et monoéthoxylés (nonylphénol et octylphénols monoéthoxylés NP1EO et OP1EO) (John et White 1998; Giger et al. 2009), pour finir en alkylphénols simples (nonylphénol NP et octylphénol OP) dont les activités endocriniennes sont avérées (Zhang et al. 2003; Bhattacharya et al. 2008). Malgré leur forte consommation et leur caractère toxique, aucune étude n’est actuellement disponible concernant les niveaux de contamination, les sources et le devenir des APs et du BPA sur la partie amont du bassin de la Seine. Dans le cadre de la phase V du programme PIREN-Seine, le LEESU (Laboratoire Eau Environnement et Systèmes Urbains, ex CEREVE) s’intéresse à la présence des APs et du BPA dans la partie amont du bassin de la Seine. Les expérimentations menées en 2009 avaient pour but de caractériser le niveau d’imprégnation du milieu récepteur ainsi que les flux d’APs et de BPA retrouvés dans les eaux de surface et dans les rejets de stations d’épuration. Cette première approche avait également pour objectif de déterminer les flux d’APs et de BPA exportés vers la partie aval du bassin de la Seine et leurs possibles variations saisonnières.